Je vous accompagne...

E... comme

Enfance

Sur la photo, j’observe cette petite fille aux cheveux bruns et bouclés. Elle est la dernière, d’une fratrie de trois soeurs. Elle a ce regard espiègle qui peut virer au noir quand elle se met en colère

Dans quelques années, elle aimera s’isoler dans sa chambre pour composer des poèmes, lire et se confier à son carnet secret. Les heures, à l’écart de la ville, sont parfois longues et comme suspendues…

L’élève sérieuse et appliquée préférera les rédactions aux équations et lignes parallèles. Sans se douter encore qu’elle privilégiera la dite « voie royale » de la filière scientifique avant de s’orienter vers des études de commerce qui la conduiront bien loin…

D... comme

Découverte

Le vert des rizières a remplacé le blanc des sommets pyrénéens de mon enfance. Je m’éloigne, je m’aventure, j’ose…

Le Vietnam, première porte de ma vie professionnelle et terre de rencontres : d’une culture, d’habitants, de paysages et de traditions. De mon futur mari aussi… 

 

Plus de cinq années passent. 

La vie grouillante des rues de Hanoi vibre un peu dans notre boutique d’artisanat du 14e arrondissement de Paris. Sur l’enseigne, trois mots y ont été suspendus : « Objets de rencontres ».

« Entre la rue Didot et la rue de Vanves » chantée par le poète Brassens et à deux pas de l’atelier du sculpteur de « l’homme qui marche », on y accueille des amoureux de l’Asie, des clients bavards et des plus discrets. On y accroche des oeuvres d’artistes du quartier pendant que nos deux enfants s’inventent mille histoires au milieu des buffets et des objets en laque. Je les regarde et j’écris leurs progrès sur des cahiers d’écolier à grands carreaux. Je n’ai pas encore découvert le large choix des carnets reliés…

R... comme

Reconversion

Une décennie plus tard, baisser de rideau. Une nouvelle page s’écrit. 

Il a suffi d’un article de journal pour m’embarquer durant plus de neuf ans dans l’aventure associative au milieu d’enfants, de familles, d’artistes et de partenaires !

Je recrute, je gère, je coordonne, je développe. Je monte des projets, je rédige des dossiers, beaucoup de dossiers. J’écoute, j’accompagne, je conseille. 

Mes enfants ont grandi, alors je referme leurs cahiers et commence à remplir mes jolis carnets. 

Besoin de ralentir, de suspendre, un temps, la course. Et de faire resurgir en moi, la phrase : « quand je serai grande, je serai… »

De laisser parler cette petite voix, là enfouie, cette envie diffuse qui appelle à l’écriture !

En me doutant déjà que l’aventure « Les Mots Suspendus » allait bientôt commencer…

 

B...comme

Biographe

Le métier de biographe sent, pour moi, le parfum des bouquets de fleurs que le narrateur effeuille en racontant son histoire au gré des “j’aimais, un peu, beaucoup, passionnément, pas du tout”.

Comme le jardinier devant sa parcelle de terre, le biographe observe. Il écoute la voix et les silences. Il saisit un regard, une moue discrète, une anecdote et des émotions. Surtout il ne brusque pas. Il respecte, patiente, encourage.

Puis vient le temps des sillons et des semis : ces mots qu’il jette à la volée sur le papier, les autres qu’il bouture dans l’espoir qu’ils prennent bientôt racine. Peu à peu, les phrases se déploient. Alors, il les réagence, ôte les mauvaises herbes, ajoute ici un peu d’engrais et arrose avec le juste dosage. Enfin, un paragraphe et un chapitre éclosent. Attention, il lui faut bien veiller à rester fidèle et à conserver l’harmonie.

Comme le jardinier, le biographe est un solitaire. Quand il écrit, un sylo, son carnet et l’ordinateur sont ses seuls compagnons. Non, pardon, il a aussi besoin de sa tasse de thé toujours pleine et de carrés de chocolat à 90% !

Le biographe aime cette idée que des mots suspendus deviennent, par ses soins, des mots migrateurs, allant d’une  bouche à son oreille, du papier d’un livre aux mains de ses lecteurs.

Et que tous les souvenirs nomades trouvent un jour leur terre d’asile…

LMS comme....

Les Mots Suspendus

Je vous partage mon ébauche de texte qui m’a permis de valider le choix du nom Les Mots Suspendus… après une longue réflexion !

Les Mots Suspendus…


Comme

Ces petits papiers de couleur placardés sur la porte du frigo ou le mur de son bureau en guise de message ou de mémo 

Comme

Le linge mouillé accroché à un fil au parfum des chaudes journées de l’enfance 

Comme
Nos vies d’équilibristes, tantôt la tête dans les nuages tantôt les pieds plombés dans le bitume 

Comme

Ces mots enfouis dans la mémoire, plantés au fond de la gorge ou bien en suspension fragile sur la langue que le biographe cueille à pas feutrés, la main en arrêt 

Comme

Les paroles-ruisseau et les paroles-fleuve chargées de suspens, auxquelles le biographe, patient passeur de témoin, s’accroche pour en extraire un paragraphe et bientôt un chapitre  

Comme
Ces souvenirs suspendus jusqu’à la prochaine rencontre. Qu’on garde précieusement et bien au chaud…

Comme

Ces mots dactylographiés sur les lignes d’un ouvrage. Un ouvrage ruisseau ou un ouvrage fleuve. Bien arrimés aux pages mais enfin détachés de leur auteur et libres de surprendre ou d’attendrir chacun de leurs lecteurs…

Enfin, comme

Le mot ‘’fin’’ et ses trois petits points  »suspendus »